
2017-2018 : Une ambition dévorante, une réalité méconnue
À cette époque, j’étais obsédée par l’idée de transformer le régime fiscal de mon entreprise pour accéder à des marchés plus importants et rivaliser avec les grandes structures. Mes clients étaient alors des PME/PMI et des particuliers, avec des processus de paiement simples. Mais je rêvais de plus : je sentais presque l’odeur des millions, persuadée que changer de statut était la clé.
Pourtant, je sous-estimais ce qui se cachait derrière ce désir : un système bien plus complexe que je ne l’imaginais.
Le choc des réalités
En 2018, j’ai enfin opéré ce changement. Enfin, je pouvais concourir pour de gros contrats ! Mais très vite, j’ai compris que les compétences techniques ne suffisaient pas.
Premier marché de +30 millions FCFA remporté → Premier choc.
- Les grandes entreprises imposent des conditions exigeantes : préfinancer les projets, présenter des factures bien plus tard, et attendre des mois avant le règlement.
- Les procédures de paiement ? Un labyrinthe administratif comparé à la simplicité des PME.
- Nos ressources financières limitées et l’absence de garanties bancaires ont rendu l’exécution du marché un véritable parcours du combattant.
J’ai dû solliciter des proches pour mobiliser des liquidités en urgence, essuyer des refus de banques, et jongler avec le stress permanent. Mon objectif ? Livrer parfaitement, quitte à sacrifier la marge bénéficiaire, pour bâtir une réputation solide.
Les pièges fiscaux et financiers
En parallèle, des erreurs fiscales liées à notre nouveau régime sont apparues. Faute de maîtrise des codes des impôts applicables, nous avons subi des redressements coûteux.
Leçon n°1 :
Les banques de notre zone n’accompagnent pas les entrepreneurs débutants aux ressources limitées. Leur discours est clair : « Pas de garanties = pas de financement. »
Les réalités brutales de l’entrepreneuriat
Cette période m’a ouvert les yeux sur des vérités souvent tues :
- +90% des jeunes entrepreneurs talentueux ferment leur entreprise et retournent au salariat.
- Ceux qui juraient de ne jamais travailler pour autrui deviennent humbles… et désillusionnés.
- Beaucoup de talents disparaissent de la scène entrepreneuriale, faute de soutien.
- Certains financent les salaires de leurs équipes avec leurs propres revenus salariaux (une situation intenable).
- D’autres se reconvertissent en « coachs » sans avoir bâti d’entreprise solide, profitant simplement de leur expérience du système.
- Les amitiés entrepreneuriales se brisent sous la pression financière.
- Certains recommencent de zéro, mieux préparés après avoir touché le fond.
Tout cela, souvent, par manque de ressources et d’accompagnement.
La solution : Structurer, s’entourer, et persévérer
Nous avons rebondi en :
- Restructurant rigoureusement l’entreprise pour offrir une vraie valeur ajoutée.
- Développant l’expérience client et nouant des partenariats avec des investisseurs disposant de liquidités.
- Faisant appel à un cabinet comptable et fiscal spécialisé pour éviter les pièges.
Le talent a besoin de gestion !
André Siegfried
Ne soyez pas pressés !
Si je devais résumer mon expérience :
- Ne changez pas de régime fiscal ou de statut sans avoir toutes les cartes en main.
- Entourez-vous de professionnels expérimentés (comptables, avocats, mentors).
- Anticipez les besoins en trésorerie avant de signer de gros marchés.
L’entrepreneuriat est un marathon, pas un sprint. Et parfois, la meilleure façon d’avancer est de bien préparer ses fondations avant de viser plus haut.
Bassirou Traore, CEO Founder du Group Mediasoft
Wilikijo #Wilikidjo
WILIKIJO une entreprise qui a pour mission de promouvoir L’entrepreneuriat au Mali.